La planète sombra dans l’anarchie. Plus de châtiment, tout était permis pendant ce si court laps de temps restant à vivre. Chacun pour soi. L’instinct reprit le dessus, la nature vainquit la culture. Même les plus grands philosophes, les ascètes, les maîtres zen abandonnèrent leur maîtrise. Les humains ne disposaient même pas de ce temps précieux pour se réunir en famille, entre amis, faire dignement leurs adieux, dresser un bilan de vie. La panique libéra l’inconscient, les tabous. Des pères se précipitèrent sur leur fille, écumant de désir. Des millions de viols auraient été enregistrés si les services de police avaient encore fonctionné. Les couples se disloquaient, enchevêtrés à un voisin, un ami, un parent, un inconnu. La terre explosait dans un stupre titanesque.
Et puis la comète disparut, comme elle était survenue. Soudainement. Sans fracas. Les humains, hébétés, observaient le ciel désert, ce même ciel encombré par une immense masse l’instant d’avant. Ils se relevèrent et reprirent leur chemin. Avec une démarche titubante pendant quelques décennies.
Au-delà d’un nuage, Dieu ricanait. Il s’était bien amusé.