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Avertissement : Lecteur qui t'aventures en ces lieux, sache que l'abus de nouvelles noires est fortement déconseillé, sauf si tu as un moral épouvantablement excellent (et que tu désires aller moins bien) ou si tu es sous perfusion d'un antidépresseur de choc. Sache que les audacieux qui, avant toi, s'y sont risqués, sont morts dans d'atroces souffrances existentielles.

Quelle que soit la couleur, merci de laisser tout résidu de 1er degré à l'entrée et de veiller à le reprendre en partant.

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31 octobre 2009 6 31 /10 /octobre /2009 13:49

Rome, an 60 : J’espère qu’il ressemblera un peu à Dimitrius, qu’il sera grand, fort et généreux comme lui. J’ai questionné l’esclave de Mère, mais elle ignore tout. Je sais juste que le mariage est pour la prochaine lune, si les augures sont favorables. Je le rencontrerai le soir des fiançailles, quand il m’offrira la bague. Je ne peux m’empêcher de rêver et, quand je ferme les yeux, sans cesse je vois le visage de Dimitrius.

Toute une vie sans lui, j’ai envie de mourir.

 

1312 : Ce sera le jour de mes seize ans. Mon époux me sauvera des flammes de l’enfer en me rendant mère. Si je n’enfante pas, je serai répudiée. Et promise à la damnation. Sauf si j’entre au couvent. Je prie Dieu tous les jours qu'il m'accorde, dans son infinie grâce, d’être féconde. Je ne veux pas passer mon existence au couvent.

 

1695 : Nous sommes promis l’un à l’autre depuis nos cinq ans, les fermes familiales s’en porteront mieux. Il est un peu rustre, le Pierre est plus beau, mais c'est un brave gars, honnête et dur à la tâche. Je ne serai pas malheureuse avec lui. J’aurai toujours de quoi manger, sauf s’il y a une nouvelle famine. Et il me fera de solides enfants.

 

1849 : Il est ma dernière chance de ne pas finir vieille fille, isolée et pauvre. Il est un peu plus âgé, de quinze ans, notaire, veuf, sans enfant. J’ai accepté sa demande ce soir. Nous vivrons dans sa maison, spacieuse et confortable, j’aurai une bonne. Il veut un fils. J’appréhende la nuit de noces.

 

1914 : C'est le grand frère d’une de mes élèves, je ne pensais pas rencontrer un homme comme lui en arrivant dans ce village. Nous avons les mêmes idées, les mêmes envies de progrès social, rêvons tous deux d’une vie meilleure. Nous réaliserons de grandes choses ensemble, j’en suis sûre. Nos projets sont un peu retardés, il part demain à la guerre. Nous nous marierons dans quelques mois, quand elle sera terminée.

 

1942 : Je l’ai connu dans notre réseau, je ne peux pas dire le nom. On se voyait dès qu’on le pouvait, pas très souvent, en secret. Je craignais que mes parents me mettent à la porte en apprenant que je fréquentais un juif, avec leurs sales idées. Maintenant, ils n’en ont plus besoin. Je suis dans ce train, encerclée par la peur et les pleurs, la terre tremble, et pourtant, la seule chose qui m’obsède, c'est le regret de son corps, de ne pas avoir osé me donner à lui. Pas avant le mariage. Comment aurait-on pu se marier ? Je n’ai pas su transgresser cette valeur dépassée.

 

1960 : Un jour, mon prince viendra. Il sera beau, riche et célèbre, il m’emmènera partout sur la planète, on vivra dans des palaces. Et jamais plus je ne reverrai cette cité pourrie.

 

1980 : Deux mariages et trois concubinages à mon passif. Est-ce que je tente le challenge une fois de plus, ou est-ce vraiment sans espoir ? Tout ça pour payer moins d’impôts.

 

2006 : C'est notre première nuit ensemble. Bon amant. Je ne peux m’empêcher de rêver un peu, de l’imaginer en père. Mais veut-il des enfants ? Je sais si peu de lui. Qu'est-ce qu'il aime, déteste, quelles sont ses manies ? Sait-il cuisiner, bricoler, que lit-il ? Et puis ça va durer combien de temps, cette fois ? Au fond, ai-je vraiment envie de me marier ? Ou même de m’engager dans une relation ? Mais toutes mes amies ont quelqu'un, et je me sens si seule.

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commentaires

A
<br /> Je me suis pourtant longuement essuyé les pieds avant d'entrer mais, de tout évidence, ça n'a pas suffit, j'ai les larmes aux yeux…<br /> <br /> <br />
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